La France et l’Italie, acteurs de la lutte contre le terrorisme au Sahel [it]

Le Sahel est un vaste territoire qui compte une population de près de 100 millions d’habitants et couvre notamment 5 pays : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad (réunis au sein du G5 Sahel). Ce territoire est confronté à de multiples difficultés et défis, notamment la progression de la menace terroriste. Parce que cette menace, au-delà du Sahel, concerne l’Europe toute entière, la France, aux côtés d’autres partenaires internationaux, notamment l’Italie, est pleinement engagée sur le terrain pour accompagner les pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme.

Une action en partenariat, à la demande des pays africains

L’engagement au Sahel émane de la volonté d’éviter que cette zone ne devienne un foyer durable d’instabilité où pourraient s’installer durablement des groupes terroristes et différents trafics (de drogues et d’armes, traite des êtres humains et de migrants notamment), susceptibles de menacer aussi sa sécurité.

En 2012, des mouvements terroristes et radicaux menaçaient la sécurité et l’intégrité nationale du Mali, risquant de prendre durablement le contrôle de parties importantes de son territoire. En janvier 2013, à la demande du gouvernement malien, la France a lancé l’opération Serval, pour repousser les groupes terroristes du Nord du Mali, en appui des forces africaines et maliennes. La résolution 2085 du Conseil de sécurité du 20 décembre 2012, a rappelé la nécessité que les Etats membres de l’ONU, tels que la France, puissent appuyer le Mali dans ses efforts pour rétablir la paix et la sécurité. Malgré cet engagement militaire, des groupes terroristes restent présents sur l’ensemble de la zone. En 2014, l’opération Barkhane a succédé à Serval. L’objectif de Barkhane est d’apporter un soutien plus large des forces françaises aux États membres du G5 Sahel. En 2020, les forces spéciales françaises, aux côtés des forces spéciales de partenaires européens, seront déployées au Mali, sous le commandement de l’opération Barkhane, dans le cadre d’une unité conjointe baptisée Task Force Takuba, à laquelle l’Italie participera aussi à partir de 2021.

Une action qui s’articule entre diplomatie, défense et développement

La menace terroriste ne peut être séparée des défis économiques, éducatifs, sanitaires et institutionnels auxquels la région est confrontée. C’est pourquoi, en complément du soutien immédiat apporté aux forces armées locales, il est important de faciliter une dynamique de paix et de reconstruction durable sur des fondements solides. La diplomatie française est présente au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad et auprès des organisations internationales. Elle mène, grâce à son réseau d’ambassades, une action de plaidoyer auprès de ses partenaires (États, Union européenne, ONU) pour un appui matériel et humain dans la région. Sur le terrain, la diplomatie œuvre en faveur de la paix en accompagnant le dialogue de toutes les parties (gouvernement maliens et groupes signataires) autour de l’application des accords de paix d’Alger. Il s’agit de trouver une issue politique et de développement pour une solution durable au Mali.

Au niveau militaire, la France, comme d’autres Etats, appuie la force conjointe du G5 Sahel, structure qui permet de coordonner les actions militaires des pays de la région, notamment dans les zones frontalières soumises à la menace terroriste. 5 100 militaires français sont déployés dans le cadre de l’opération Barkhane, mais aussi 75 coopérants. Plus de 7 000 soldats des pays du G5 ont suivi une formation en 2019.

La France et l’Italie participent à la mission des Nations Unies au Mali (Minusma), force dotée de 15 000 personnels, qui soutient la mise en œuvre des accords de paix signés en 2015 pour restaurer la stabilité au Mali, protéger les civils et restaurer l’autorité des autorités maliennes sur tout le territoire. Nos deux pays contribuent aussi à des missions européennes de formation, au sein de l’EUTM Mali qui conseille et forme les forces armées maliennes afin d’accroitre leurs capacités, de l’EUCAP Sahel Mali et de l’EUCAP Sahel Niger, missions civiles qui assistent les forces de sécurité intérieures de ces pays à travers des formations, du conseil stratégique et de la fourniture d’équipements.

L’Italie est également impliquée à travers sa Mission bilatérale de soutien au Niger (MISIN), qui depuis 2018 s’investit à Niamey pour appuyer le processus de modernisation des Forces de défense et de sécurité nigériennes.

Parce que le terrorisme se nourrit aussi de l’insécurité économique, l’approche au Sahel est aussi fondée sur une logique de développement. L’Agence Française de Développement et d’autres opérateurs français accompagnent des projets de court, moyen et long terme pour favoriser l’accès des populations aux services de base (eau, énergie, éducation, santé) et créer les conditions de leur autonomisation grâce à la formation et l’emploi. Dans le cadre de l’Alliance Sahel, la France s’engage aux côtés des autres grands bailleurs du développement. Ce partenariat a été lancé par la France, l’Allemagne et l’Union européenne et a reçu le soutien de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale et du Programme des nations Unies pour le développement, formant à l’heure actuelle une plateforme de 13 membres. L’Alliance Sahel regroupe les principaux bailleurs actifs dans la région autour du double objectif d’améliorer la coordination et l’efficacité de l’aide, dans une logique combinant urgence, stabilisation et développement. En termes de moyens, le portefeuille de l’Alliance compte plus de 800 projets labellisés, en cours ou en instruction, pour un montant total de 11.6 milliards d’euros à mettre en œuvre. A l’issue de l’Assemblée générale du 25 février 2020 tenue à Nouakchott en marge du Sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel, les membres de l’Alliance ont formulé une série de conclusions. Ils ont ainsi souhaité renforcer la flexibilité des modes d’intervention pour augmenter la rapidité d’action auprès des populations sahéliennes.

Au volet militaire, de diplomatie et de développement s’ajoute aussi celui de l’appui au retour de l’Etat dans les territoires : Le Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel (P3S), porté par la France et l’Allemagne a été présenté lors du sommet du G7 à Biarritz. Le P3S a pour mission d’aider au redéploiement des services de l’État et des administrations (notamment des forces de sécurité intérieure) et renforcer la chaine pénale des pays sahéliens. Il ambitionne également de renforcer la coordination des principaux partenaires des pays de la région.

Afin de mieux coordonner les multiples actions menées au Sahel et le travail des acteurs et pays concernés, une Coalition pour le Sahel a été annoncée au sommet de Pau, le 13 janvier 2020, par les chefs d’États de la France, du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, en présence du Secrétaire général des Nations Unies, du président du Conseil européen et du Haut représentant de l’Union européenne, du président de la Commission de l’Union africaine et de la Secrétaire générale de la Francophonie. Elle a ensuite été lancée officiellement en mai : depuis son lancement, de nombreuses actions coordonnées ont été menées et ont permis de réduire la menace terroriste.

Dernière modification : 03/11/2020

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