Transports, énergie et developpement durable

Transports et traversées alpines, de grands projets franco-italiens

Environ 4000 travailleurs franchissent quotidiennement la frontière franco-italienne afin de se rendre sur leur lieu de travail. 7 millions d’Italiens se rendent en France chaque année pour des raisons de tourisme ou de travail. De plus, le transport de marchandises venant de France et alimentant l’Italie représente 43 millions de tonnes par an, acheminées par voie terrestre essentiellement et ferroviaire en portion congrue (environ 8% du total). Les infrastructures ferroviaires et routières sont donc cruciales pour les populations et l’interconnexion de nos deux pays ainsi que plus largement de l’Union européenne.

Afin de fluidifier les trajets, de grands projets d’infrastructures ferroviaires et routières de traversée alpine sont menés de concert par la France et l’Italie : les tunnels routiers du Mont-Blanc, du Fréjus et de Tende, l’Autoroute ferroviaire alpine (AFA).

L’accent est mis sur la fluidité et la sécurité du trafic dans les tunnels, ainsi que sur la réduction des impacts environnementaux négatifs grâce à des limitations de circulation dans les territoires transfrontaliers fragiles.

Depuis fin 2020, la France et l’Italie collaborent étroitement dans la gestion de la crise engendrée par la tempête Alex (ou Brigitte côté italien) qui a dévasté les territoires transfrontaliers. Dès les premières heures de la tempête, les services de secours et d’entretien des réseaux routiers et ferroviaires sont intervenus afin de secourir les sinistrés. Depuis lors, le travail conjoint sur le terrain se poursuit afin de rétablir les voies de communication dans les vallées et entre l’Italie et la France.

Projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin
Le chantier de la nouvelle liaison ferroviaire Lyon–Turin est structurant pour notre relation bilatérale. Il a pour but de sécuriser les transports en réduisant le trafic de poids lourds, de déclencher un report modal de la route vers le chemin de fer, de capter les flux commerciaux en assurant un service comparable avec celui offert par les infrastructures suisses et autrichiennes, et de préserver les écosystèmes alpins et le climat. La mise en service de la liaison est prévue en 2030.

La section transfrontalière du Lyon Turin est un chantier largement avancé : mi-2021, près de 30 km de galeries ont été creusées, sur les 162 km au total. L’année 2021 est particulièrement importante avec la signature des marchés principaux de creusement du tunnel pour 3 milliards d’euros attribués à 13 entreprises internationales.

Composante du corridor ferroviaire du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) qui reliera l’Espagne à l’Europe centrale, cette nouvelle ligne doit permettre d’assurer le transport de plus de 50% des flux de marchandises par le fer à l’horizon 2035, alors que ce taux était de 9% en 2015.
Ce projet constitue l’un des quatre tunnels dits « de base » projetés dans les années 1990, qui sont situés à une altitude moins élevée que les tunnels dits « de faîte » du XIX° siècle. Les tunnels du Lötschberg et du Gothard ont ainsi été mis en service entre l’Italie et la Suisse, et la mise en service du tunnel du Brenner entre l’Italie et l’Autriche est prévue en 2025.

La nouvelle liaison est constituée de parties « nationales » sur les territoires français et italien (les accès) et d’une section transfrontalière, composée du tunnel principal (environ 57 km) et des raccordements à la ligne historique, en France à Saint-Jean-de-Maurienne et en Italie à Suse- Bussoleno. Les travaux de percement de la galerie de reconnaissance de la Maddalena en Italie ont débuté en 2012. Les travaux de la galerie de reconnaissance du côté français ont démarré en janvier 2015.

Le projet a fait l’objet d’un engagement de la France et de l’Italie dans le cadre du traité de Turin du 29 janvier 2001, complété par deux accords, du 30 janvier 2012 et du 24 février 2015. Ces accords précisent les modalités de réalisation et d’exploitation de la ligne ferroviaire Lyon-Turin et fixent ses modalités juridiques et techniques de réalisation. Le 8 mars 2016, un protocole additionnel à l’accord du 24 février 2015 a été signé. Il porte sur le coût certifié de la section transfrontalière, les modalités de répartition des coûts entre les deux Etats et sur les engagements pris afin de lutter contre tout risque d’infiltration mafieuse dans le cadre de la passation et de l’exécution des contrats. L’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République italienne signé le 24 février 2015 pour l’engagement des travaux de la section transfrontalière a été ratifié par l’Italie le 21 décembre 2016 et par la France le 26 janvier 2017. L’importance stratégique de ce projet a été réaffirmée par les deux Gouvernements lors des Sommets franco-italien de 2017 et de 2020.

Projet de ligne Lyon Turin - Ministère des transports - JPEG

Le partenariat énergétique franco-italien

La France et l’Italie, qui ont des problématiques énergétiques différentes, souhaitent toutes deux contribuer au développement de la politique européenne de l’énergie, fondée sur la lutte contre le changement climatique, la sécurité des approvisionnements et la compétitivité.

Les grands groupes de chaque pays sont solidement implantés de part et d’autre des Alpes : EDF, ENGIE et TOTAL se développent en Italie, comme ENI, ENEL et SNAM en France. La France et l’Italie encouragent la poursuite des coopérations industrielles menées dans le domaine de l’électricité et de l’hydrogène, ainsi que des projets communs de recherche et développement dans les nouvelles technologies de l’énergie, également à travers les projets européens PIIEC/IPCEI en matière de mobilité électrique et d’hydrogène.

Une nouvelle interconnexion électrique est en cours de réalisation dans le second tube du tunnel autoroutier du Fréjus, actuellement en construction. Cette ligne de 190 km en souterrain entre Piossasco dans le Piémont et Grande-Ile en Savoie est la plus longue liaison au monde de ce type. Le projet renforcera la capacité d’échanges des deux pays et contribuera à garantir la sécurité d’approvisionnement en électricité et la stabilité du réseau : à ce titre, la ligne est inscrite dans la liste des projets d’intérêt commun de l’Union européenne, dans le cadre de l’intégration du marché UE de l’électricité. Les travaux se sont achevés au premier semestre 2021 et le projet est actuellement en phase d’essai préalable à la mise en service. La ligne sera opérationnelle d’ici fin 2021.

Des actions conjointes pour la protection de l’environnement

La France et l’Italie sont associées dans de nombreux accords de coopération bilatérale ou multilatérale pour la protection de l’environnement.

S’agissant des zones transfrontalières terrestres, les deux pays œuvrent de concert notamment à la protection des espaces alpins. La coopération franco-italienne est active au sein de la Convention alpine (première convention pour la protection d’une région de montagne), dule protocole franco-italo-suisse pour la gestion de la population de loups dans les Alpes, par la création de la Réserve de biosphère transfrontalière UNESCO du Mont-Viso et du Parc européen / Parco europeo Alpi Marittime - Mercantour et enfin, du parc international franco-italo-suisse Espace Mont-Blanc. Quant aux zones maritimes, la France et l’Italie sont co-fondateurs de trois sanctuaires marins (Bouches de Bonifacio et, avec la Principauté de Monaco, des accords Pelagos et Ramoge) et organisent des exercices conjoints d’alerte environnementale. L’Italie et la France coopèrent étroitement dans la lutte contre les émissions polluantes dans le transport maritime, et soutiennent le projet de création d’une zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (SECA) en Méditerranée.

La France et l’Italie sont partenaires dans la lutte contre le changement climatique. L’Italie a contribué activement aux négociations internationales qui ont abouti à l’Accord de Paris sur le Climat, signé au cours de la COP21, la XXI conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui a eu lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Elle a ratifié l’Accord le 27 octobre 2016. L’Italie a coprésidé avec le Royaume-Uni la COP26 en 2021. L’Italie a accueilli fin septembre-début octobre 2021 la COP des jeunes, enceinte de réflexion et de dialogue avec les négociateurs, ainsi que la pré-COP 26. Sous la houlette de la présidence italienne, les négociateurs de tous les Etats parties ont ainsi pu faire un point sur leurs positions et les décisions à prendre afin de rendre l’Accord de Paris totalement applicable, en amont de la COP 26 de Glasgow (novembre 2021).

Dans le domaine de la limitation et de la valorisation des déchets, l’Italie est par ailleurs l’un des 12 partenaires engagés dans la Coalition internationale contre les sacs plastiques lancée par la France en septembre 2016, qui a pour objectif de réduire la pollution des océans liée au plastique et, en particulier, de réduire l’utilisation des sacs plastiques à usage unique.

Dernière modification : 28/12/2022

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